Le Goût du néant
Modèle ruiniste
Panorama Zéro
Paysage Sauvage

Le Goût du néant
2016
amphore, plâtre, pneu, bois
240 x 110 centimètres
pièce unique

Le Goût du néant  se déploie en un paysage de sculptures, assemblages à l’équilibre instable d’objets hétéroclites, anciens ou contemporains, originaux ou reproductions: amphore antique, imposantes jarres en céramique du XVIIIe siècle, vase mésopotamien, boulet de canons en pierre, sphères, chapiteau de colonne, pneu, etc. Ces compositions elles-mêmes reposent sur des socles évoquant des éléments d’architecture – arche, escalier, colonnes, gradins… – dont on dirait qu’ils sont en ruine, et où quelques surfaces discrètement peintes dessinent des ombres en trompe-l'œil. Théo Mercier met en place des équilibres aussi virtuoses que précaires et des jeux d’échelles paradoxaux. Les socles, qui servent habituellement de soutien et de protection aux sculptures, semblent ici les menacer – réponse inédite à la question centrale du rapport entre une sculpture et son socle. Allant à l’encontre de la pérennité généralement associée au médium sculpté, Théo Mercier réalise des œuvres instables, fragiles, dystopiques, essentiellement vouées à la disparition, comme autant de monuments à la chute : des « machines à démonter le temps », selon ses propres termes.

Modèle ruiniste
2016
crépi, plâtre, roulettes
190 x 60 centimètres
pièce unique

Panorama Zéro
2016
14 portes cd, 14 socles en marbre noir, 300 cd en marbre blanc
pièce unique

Panorama Zéro souligne un des traits de l’époque : l’obsolescence, qu’elle soit programmée ou induite par l’accélération de la technologie. Ainsi des tours range CD, dont les formes variées tentaient tant bien que mal de faire oublier l’aspect disgrâcieux et le caractère obsolète dès leur création, et qui se sont retrouvées dans les solderies de l’Histoire encore plus vite que la technologie désormais dépassée dont elles étaient les accessoires. Théo Mercier les recycle ici en la skyline d’une ville incongrue et post-moderne, où le marbre aurait remplacé le plastique.

Paysage Sauvage
2016
203 x 32 centimètres
pièce unique

Paysage sauvage est un ensemble de masques de baseball, dont ne subsiste que l’armature, le squelette pour ainsi dire. Ils deviennent des objets symboliques dans un espace-temps méconnaissable. Représentent-ils une armée de prisonniers ? Un vestige des masques de honte du Moyen Âge ? Les fossiles d’un sport, d’une torture, ou des deux ? La boussole folle de Théo Mercier voit le passé dans des objets à peine fabriqués et le futur dans des masques issus de cultures ancestrales. Il rend anthropomorphiques les objets du quotidien, n’établissant pas de hiérarchie entre le vivant et le non vivant, par le biais d’une identification entre soi et l’environnement – dans la lignée de la métaphysique cannibale de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro.