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Plasticien et metteur en scène, Théo MERCIER mène une réflexion située au carrefour de l'anthropologie, de l'ethnographie, de la géopolitique et du tourisme. Entre mises en scènes chorégraphiées et explorations de la matière, il associe une pratique de créateur et de collectionneur, à travers laquelle il met en place un échange foisonnant entre passé, présent et futur, animé et inanimé, vrai et faux, artisanal et industriel, profane et sacré, réel et fiction.

La plupart des pièces de Théo MERCIER sont le résultat d'un travail d'anthropomorphisation des objets – issus de trouvailles, d'assemblages, de superpositions, de collages ou de greffes ‑ qu'il créé le plus souvent par série, constituant de véritables communautés de pièces plus ou moins jeunes ou âgées, mâles ou femelles, au sein desquelles il révèle et invente une hiérarchie sociale mouvante, comme dans sa série de totems réalisée au Mexique – lieu d'inspiration et de création – et intitulée Craft Thoughts Wood Songs ou Nowhere Bodies (2015). Cette dernière met parfaitement en exergue l'importance du mouvement dans le travail de Théo MERCIER. Déployé dans leur accrochage, il se retrouve dans le mode de fabrication des pièces, dont l'artiste a travaillé les éléments en bois et en céramique à l'aide d'un tour de poterie qu'il a fabriqué. Il utilise également les tabourets sur lequel il s'assoie lors de ce travail comme socles pour ses œuvres, incluant dans l'œuvre finale l'ensemble du processus de création.

Dans la série Back to Basics and Gender Studies (2015), Théo MERCIER associe des masques de danse africains à des éléments – modifications aux oreilles et aux arcades – propres aux masques papous, auxquels il greffe un nez en PVC ondulant, symbole de l'ondulation des corps dansants et qui situe ces objets entre le masque et l'instrument. En produisant et en collectionnant des objets métissés, polymorphes, plurivoques, ambigus, perdus dans leurs origines et dans leur usage, Théo MERCIER donne forme à un exotisme très particulier, transculturel, transgéographique, transtemporel. Il le souligne au travers d'un travail de mise en scène qui fait sans cesse osciller l'accrochage entre le cabinet de curiosité, la salle des butins, l'entrepôt, l'atelier, la photographie de groupe… Entre anthropologie réelle et imaginaire, la démarche de l'artiste est proche de celle de l'explorateur, qui rapporte des objets de mondes existants et inexistants, comme autant de pièces à conviction de voyages qui ont ou n'ont jamais existé.

Théo MERCIER entend opérer une forme de mise à plat de l'histoire de l'humanité et de sa production, qu'il compare à celle rendue possible par l'Internet. Il rappelle cependant : La possession du monde n'est pas ma priorité (2013), et place un ensemble de trois cents fausses roches destinées aux aquariums achetées au cours de ses voyages à travers le globe au rang de collection géologique imaginaire et étonnante, symbole de la création d'une nature fantasmée par une culture de (re)production de masse. Tout comme il aime creuser la plurivocité du statut de ses objets et de ses accrochages, Théo MERCIER joue sans cesse sur la confusion, voire la perte, du geste de l'artiste dans l'œuvre, un jeu que l'on retrouve également le travail de mise en scène de son spectacle Radio Vinci Park.