Depuis la fin des années 90, Maria Marshall travaille à un ensemble de grandes projections vidéos qui renouent avec la dimension psychologique du cinéma. Leur force réside dans un fragile équilibre entre la fascination – liée à la séduction visuelle des images – et le malaise provoqué par un sentiment de violence sous-jacente.

Les vidéos de Maria Marshall ne sont pas expressément autobiographiques, bien que ses deux fils jouent souvent les rôles principaux.
L'artiste nous plonge dans le monde de l'enfance, prétexte pour évoquer des inquiétudes d'adultes. Au-delà de la séduction immédiate des images, on ne peut s'empêcher d'avoir des sensations de malaise. Malaise insidieux provoqué par l'angélisme de ces visages innocents confrontés à des situations d'adultes.
Ainsi, l'artiste aborde plutôt les thèmes fondamentaux de la maternité, de la socialisation et de l'expérience de la vie. Sa démarche rend tangible ce domaine incertain entre imaginaire et réel où les angoisses d'une mère face à son enfant sont amplifiées. Son questionnement est toujours douloureux, même si ses réalisations sont d'une extrême douceur, presque veloutées.
De références bibliques en tableaux baroques, Maria Marshall va plus loin qu'une simple projection de ses angoisses. En se penchant sur le monde de l'enfance, elle questionne notre société. Quelle est la place de la femme dans la société ? Quels sont les dangers de la vie pour un enfant aujourd'hui ? Quelles valeurs inculquer à l'enfant ?
Maria Marshall crée des métamorphoses ramenées à l'essentiel (où le bien et le mal se défient constamment), de brefs récits mettant en œuvre des moyens cinématographiques et adoptant une grande rigueur de mise en scène, au service d'un unique objectif : « séduire par la densité ». Les films ne durent que quelques minutes, mais montés en boucle, ils acquièrent un aspect hypnotique.