Adrien Missika
10/09/2016 > 08/10/2016

Vernissage le 09/09/2016, de 19h à 21h

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie, intitulée Demain Amélioration, ADRIEN MISSIKA (né en 1981 à Paris, vit et travaille à Berlin) présente un ensemble de nouvelles sculptures associant éléments naturels et technologies, qui lui permettent d'esquisser une cosmogonie personnelle. Demain Amélioration, dont le titre est emprunté au jargon météorologique, est une exposition résolument optimiste, composée de propositions ouvertes et poétiques, dosant humour et simplicité, dans une tentative de réenchantement d'un espace-temps infini.

Au centre de l'exposition, Planet Nursery (2016), structure architectonique évoquant une fontaine ou un orgue, associe tubes de plexiglas transparent, tiges de bambou, sable, eau et trovanţi. Concrétions rocheuses remarquables que l'on trouve notamment en Roumanie et autour desquelles ont été forgées histoires mystérieuses et autres légendes, les trovanţi auraient, en effet, le pouvoir de croître, de se multiplier et même de se déplacer. Inspiré par ces différents récits, ADRIEN MISSIKA invente ici une machine à fabriquer des planètes sur lesquelles les hommes pourraient trouver refuge. Fonctionnant en circuit fermé dans lequel se mêlent sable, eau et végétaux, Planet Nursery a pour principe de faire prendre du volume aux cailloux qui le surmontent afin qu'ils deviennent éventuellement aussi grands que des astres. L'œuvre forme ainsi un micro-écosystème plein de promesses qui fait office de temple, les tubes de plexiglas étant gravés de dessins inspirés du Livre des Morts maya rédigé en glyphes.

Les treize sculptures de la série Where to Go (2016) associent les cartes nautiques polynésiennes et micronésiennes traditionnelles à la mission du télescope spatial Kepler. Sur les cartes de navigation des archipels du Pacifique, créées dès 1000 av. J.-C., les îles sont figurées par de petits coquillages, et les mouvements des houles par les intersections de bâtonnets courbés. Quant au télescope spatial Kepler, il a été lancé en 2009 par la NASA pour découvrir et étudier des exoplanètes potentiellement habitables hors du système solaire, parmi les corps qui orbitent autour des étoiles de notre galaxie. Inspirées de ces résultats, les sculptures présentées ici par Adrien MISSIKA cartographient non pas la mer, mais le cosmos et l'emplacement de ces exoplanètes symbolisées par des pierres de lave, par des morceaux de marbre ou encore des coquillages collectés par l'artiste au cours de ses divers voyages ; leurs orbites sont, elles, représentées par des tiges d'acier inoxydable.

Navitech (2016) est une installation de boussoles artisanales, composées de bambou, d'eau, de feuilles, et d'aiguilles magnétisées. Le fond des boussoles est peint en noir et reflète ainsi le visage du visiteur perdu dans la noirceur de ce discret miroir. L'installation présente également une plante montée sur sac-à-dos qui offre aux boussoles leur matière première.

Sundial (2016) est un cadran solaire dont l'aiguille est faite d'épines de cactus qui ont été prélevées et greffées sur le nœud d'une tige de bambou. L'angle de l'épine principale correspond à la latitude de l'endroit où le cadran se trouve. Ici exposé à Paris, 48 degrés nord, l'aiguille pointe vers l'Étoile du nord, projetant l'ombre de l'heure locale.

Biosphère 5 constitue une autre hypothèse de l'artiste dans sa recherche et conquête poétique de nouvelles ressources et de nouveaux modes d'existence. Inspiré par le film Silent Running (Douglas Trumbull, 1972), dans lequel les hommes, en proie à la sur-pollution de la planète Terre, envoient dans l'espace une forêt contenue dans un dôme de verre gigantesque, ADRIEN MISSIKA crée un écosystème portatif en étain et plexiglas, monté sur sac-à-dos, qui permet à la lumière de nourrir une Selaginella Lepidophylla provenant du Mexique (Chihuaha) surnommée localement "Siempre Viva" (qui vit toujours). Plante du désert qui n'a presque pas besoin d'eau pour prospérer, elle s'ouvre à son contact et se referme très vite pour la conserver.

Demain Amélioration offre au visiteur un parcours qui mêle science, poésie et récits d'anticipation, ainsi que thèmes et mythologies universels autant que personnels. Afin d'évoquer la place de l'homme dans l'univers, Adrien MISSIKA élabore un système de production simple et épuré, vecteur d'une forme de réenchantement, dans lequel les pierres représentent des astres qui échappent à la vision et à la maîtrise des hommes, et les cartes des mises à l'échelle d'espaces intersidéraux. Il imagine donc ici de possibles destins de l'humanité dans lesquels, à l'ère du GPS et des technologies numériques, il fait la part belle à une idée primitive de la navigation et de la conquête.