Maria Marshall
06/04/2004 > 22/05/2004

Vernissage le 03/04/2004, de 18h à 21h

MARIA MARSHALL travaille à un ensemble de grandes projections vidéo qui renouent avec la dimension psychologique du cinéma. La vidéaste nous plonge dans le monde de l’enfance, prétexte à l'évocation des inquiétudes des adultes, et au-delà, de ses propres inquiétudes de mère.

Maria MARHSALL fait de ses propres enfants les protagonistes de ses œuvres, charmants putti arborant avec une évidence touchante tous les attributs de l'innocence alors même qu'ils sont mis en scène dans des situations de danger, dans un contexte angoissant ou devant des responsabilités d’adultes. L'inquiétude, la gêne même, se développe alors face à l'impossibilité d'intervenir pour ces enfants menacés dans leur intégrité physique ou psychique.

Les images sont fortement esthétisantes, avec une attention toute particulière portée sur la lumière et sur le rendu des couleurs, et la manière de figurer le danger, extrêmement séduisante. La force de ces oeuvres réside dans un fragile équilibre entre la fascination liée à la séduction visuelle des images et le malaise provoqué par un sentiment de violence sous-jacente. La maîtrise des moyens cinématographiques, la grande rigueur de la mise en scène et l’aspect répétitif de la projection confèrent à ces brefs récits une véritable dimension hypnotique.

MARIA MARSHALL présente ici trois œuvres : dans Cyclops (2002, diptyque, film 35 mm, couleur et son surround), un écran montre un enfant debout dans une salle, filmé de façon oscillatoire par une caméra numérique de type Cyclops. La caméra, dont les mouvements ont été programmés pour correspondre à l'idée associée à des mots tels que "amour", "haine", "tendresse" ou "ennui", joue le rôle de l'interrogateur. Sur le deuxième écran, ce sont des éclairages – stroboscope, spot, lumière rouge etc. – qui, se concentrant de façon également programmée sur le corps de l'artiste, interrogent ces mêmes concepts. Le son, souffle puissant, est celui de la caméra.

Multipliant les références à l'histoire de l'art (notamment, par sa composition savamment accessoirisée, à la Pietà de Jacopo PONTORMO), Pinocchio (2003, film 35 mm, couleur et son) évoque la position délicate d'une femme entre désir de maternité et volonté d'émancipation. MARIA MARSHALL, assise face caméra dans une caravane, y parle, avec énormément d'amour maternel et de détails du quotidien, de l'enfant qu'elle tient sur ses genoux, qui n'est en réalité qu'une poupée. Dans un seul plan séquence au cours duquel les bougies se consument à l'envers, Maria MARHSALL répète trois fois son monologue sur le rôle et la responsabilité de femme et de mère, et sur la difficile conciliation des deux. À la troisième fois, une jambe de la poupée se met à bouger

10000 Frames (2004, film Super 8 transféré en mini DV, couleur et son) est le journal filmé et commenté par l'artiste de son voyage à Disney World (Floride) en compagnie de ses enfants : 6 jours, à raison de 12 heures de filmage par jour, soit 10000 images projetées en accéléré en 6 minutes et 40 secondes, comme un trip cocasse et hallucinatoire au pays de Mickey.

Enfin, MARIA MARSHALL présente en édition le parfum Sean (2002-2004, édition limitée, signée et numérotée à 50 exemplaires), développé en collaboration avec les laboratoires Quest International et présenté dans une bouteille et un coffret spécialement créés par l’artiste. Conçu comme une extension du film Playground (projeté en 2002 au Palais de Tokyo avec la Caisse des Dépôts et Consignations), ses notes vertes et boisées évoquent l'adolescent filmé dans l'œuvre. MARIA MARSHALL présente également quatre photographies tirées de Playground.

MARIA MARSHALL est née à Bombay en 1966. Elle vit et travaille à Londres. Elle a notamment exposé au Palais de Tokyo (Paris), au Herzliya Museum (Israël), au Printemps de Cahors, au Goteborgs Konsthall, au Freiburger Kunstverein.