Laetitia Benat
09/10/2003 > 24/10/2003

Vernissage le 09/10/2003, de 18h à 21h

Surtout connue pour ses vidéos et ses photographies, LAETITIA BENAT livre dans ses oeuvres des fragments de mondes intérieurs, comme autant de fenêtres sur des paysages intimes. Ses séries de photographies sont comme les images d'un film placardées à l'entrée d'un cinéma : récits à peine amorcés, elles permettent à celui qui les regarde d'imaginer son propre film.
Pour sa première exposition personnelle en France et sa première apparition dans une galerie française, LAETITIA BENAT expose par ailleurs pour la première fois son oeuvre graphique, qu'elle transfère pour l'occasion aux murs. Souvent tirés de cahiers intimes, ses dessins sont l'endroit où l'artiste parle le plus : ils remplacent l'écriture, comme la vidéo et les photographies remplacent le regard. Les dessins muraux sont la transposition dans l'espace de ces cahiers, la déambulation du visiteur remplaçant la succession des pages. Réalisés à main levée d'un trait délicat, ils conservent l'esprit et la spontanéité du petit format. Des fleurs, des animaux, des corps de femmes esquissés se font écho ; les dessins sont purs, vidés, pour se focaliser sur un détail qui suffit à les rendre lisibles. Ces traces évanescentes d'images mentales sont comme une condensation de l'imaginaire de LAETITIA BENAT sur les murs. Ces pensées tirant parfois vers le fantastique, mêlées au sentiment de suspension du temps et de l'image, induisent dans cet univers en apparence fragile un calme menaçant.

Cette oscillation entre anxiété et sérénité est particulièrement frappante dans le travail vidéo de LAETITIA BENAT, dont cinq oeuvres, sélectionnées par bdv (Bureau des Vidéos - Stéphanie MOISDON-TREMBLEY et Nicolas TREMBLEY), sont projetées.

Nearby (2000), série d'allers-retours entre l'intérieur (une chambre aux murs blancs où des filles passent leur ennui) et l'extérieur (des paysages en apparence anodins), renverse le sentiment d'enfermement. En effet, ce sont les extérieurs, filmés en longs plans séquences 16 mm statiques, pesants, qui finissent par produire une sensation inconfortable d'enfermement. Dans ces paysages mentaux, l'attente apparaît comme une menace.

Black Sanna (2002) est un récit fantastique en noir et blanc mettant en scène et tournant en dérision ce qui semble être une mystérieuse réunion de sorcières.

Halvimar (2002), titré d'après le prénom inventé pour le personnage féminin, pourrait être la suite de Black Sannah, mais aussi son début. Un jeune homme et une jeune femme errent, désincarnés, dans un château. Ces corps devenus des ombres évoquent le souvenir indicible d'une histoire amoureuse tragiquement terminée.

Blood (2002) et MC/CW (2000, 1'25'') sont des vidéos d'animation, dans lesquelles LAETITIA BENAT utilise pour base un portrait féminin dessiné, qu'elle s'applique à animer en le maculant de motifs entre la salissure et le sang. Dans MC/WC, c'est le visage de la chanteuse Mariah CAREY qui se couvre de sang comme le visage de l'héroïne Carrie WHITE, interprétée par Sissy SPACEK, du film Carrie (1976) de Brian DE PALMA.

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