Ryan Estep
23/10/2014 > 29/11/2014

Vernissage le 23/10/2014, de 19h à 21h

RYAN ESTEP (né en 1980 à Midland (USA), vit et travaille à New-York), pour sa première exposition personnelle à la Galerie BUGADA & CARGNEL, présente un ensemble d'œuvres qui mettent en jeu les notions de labeur, de toucher, de matérialité et de protocole de travail. Depuis ses toutes premières toiles monochromes, RYAN ESTEP manifeste sa volonté de s'inscrire dans la lignée d'une certaine tradition post-minimaliste, en associant la notion de protocole et de geste artistique à des œuvres qui ne divulguent pas immédiatement la complexité de leur création. L'artiste se livre à des expériences employant des techniques anciennes appliquées à des matériaux inhabituels, intervenant sur ses peintures à travers un engagement visiblement tactile, qui donne une nouvelle visibilité à la "main de l'artiste". Le travail de RYAN ESTEP est constitué de séries d'œuvres et les procédures de réalisation de chacune d'entre elles sont dictées à l'avance par un ensemble de règles dont le résultat ne peut être totalement anticipé. RYAN ESTEP peut ainsi être décrit comme l'initiateur d'autant d'accidents intentionnels.

Dans cet esprit, la série des Sterilized Dirt Paintings de RYAN ESTEP suit un certain nombre d'étapes préméditées : de la terre et de la poussière sont mélangés à du désinfectant organique puis chauffés à plus de 300°C. Ce procédé tue toute matière organique et empêche la pénétration des bactéries, transformant la matière en une sorte de "saleté cliniquement propre". Ce matériau désormais aseptisé est ensuite sérigraphié sur toile. En manipulant la toile tout juste réalisée, l'artiste imprime sur elle les traces de son corps et de ses gestes, avant que la matière soit définitivement fixée.

L'installation Anti-Bacterial Soap est constituée d'un ensemble de sphères translucides légèrement jaunes. Ces sphères ont été produites en chauffant, mélangeant et moulant le savon antibactérien que l'artiste a utilisé pour se nettoyer, lui-même mais aussi son studio et ses outils, durant la production des œuvres de la série des Sterilized Dirt Paintings. Ces petits savons, empêchés dans leur usage détergeant, roulent et s'entrechoquent sur le sol de la galerie au rythme du passage des visiteurs. Ce faisant, ils amassent une légère couche de poussière et de saleté qui vient parfois se déposer sur la surface d'autres peintures, disposées à même le sol, à l'aplomb des murs.

Intitulées Functional Paintings, ces nouvelles pièces sont des peintures modulaires qui altèrent de manière très subtile la perception que l'on a de l'espace de la galerie. Elles sont composées d'une plaque de contreplaqué, dont la forme concave est obtenue grâce à la technique mise au point par Thonet pour cintrer le bois nécessaire à la réalisation de ses fameuses chaises de bistrot. Chaque plaque est ensuite entoilée, puis peinte dans une teinte sensiblement identique à celle de la toile de coton utilisée. La fonctionnalité de ces peintures est de provoquer une distance entre l'installation Anti-bacterial Soap et les murs. Plus que de simples éléments esthétiques, ces peintures modifient l'architecture même de l'espace au sein duquel elles sont présentées, tout en récoltant la trace du passage des balles de savon qui viennent rouler dessus avant de repartir vers le centre de la pièce.

Enfin, la série The Lemon Self-Portrait figure l'intime relation entre l'artiste et le citronnier qu'il fait pousser dans son atelier. Comme les abeilles ne viennent pas polliniser son arbre, RYAN ESTEP a décidé de s'en charger lui-même, et de suppléer ce processus organique en employant une brosse de peintre. Le pollen qui reste dans le pinceau est ensuite mélangé à de l'encaustique. C'est les yeux bandés que l'artiste réalise ensuite le tableau du citronnier en peignant la surface de morceaux de cartons à l'aide de ce mélange de cire et de pollen. Il subsiste alors une trace à peine perceptible sur le carton encadré, un dessin subtil et délicat.