Annika Larsson
28/11/2008 > 24/01/2009

Vernissage le 28/11/2008, de 19h à 21h

Comptant parmi les artistes les plus reconnues de sa génération dans le champ de l'art vidéo, ANNIKA LARSSON a développé, depuis ses premières vidéos à la fin des années 1990, un style pionnier et des thèmes singuliers qu'elle continue d'explorer dans ses œuvres les plus récentes. Ses vidéos mettent en scène exclusivement des hommes, engagés dans des actions généralement associées à la sphère masculine, dont elles explorent le langage symbolique, qu'il s'agisse de la relation aux règles et aux différentes formes de contrôle ou des codes et expressions de pouvoir, de soumission et de violence.

Pour sa troisième exposition à COSMIC GALERIE, ANNIKA LARSSON présente sa nouvelle vidéo, Dolls (2008, 47 min.), poursuivant avec une intense rigueur formelle sa réflexion sur la place du spectateur face à des situations artificielles et à leurs différents niveaux de médiation.

Plus abstraite que ses précédentes œuvres et synthétisant un ensemble complexe de références sous-jacentes, Dolls est composée de trois parties. Toutes se déroulent dans le même espace clos, personnage à part entière de la vidéo, entre "white cube" d'art contemporain et terrain de sport. Peints au sol et sur les murs, des lignes et des symboles empruntent aussi bien au suprématisme ou au futurisme qu'aux signes utilisés pour apprendre aux robots humanoïdes à se repérer dans un espace afin d'y effectuer diverses tâches. Ainsi les trois lignes sur le mur sont-elles reprises d'une pochette d'album de New Order par Peter SAVILLE, elle-même inspirée de la couverture d'une édition du journal du futurisme par Fortunato DEPERO.

Dans ce terrain de jeu artificiel évoluent, séparément ou simultanément, cinq hommes, dont seuls trois agissent et se déplacent en interaction avec les symboles et éléments du décor, suivant des règles qui nous sont inconnues. Chaque partie de la vidéo correspond à un "jeu" auquel se plient avec l'impassibilité de machines les protagonistes, qui consiste en l'accomplissement de tâches, tantôt banales, tantôt obscures.

Tandis que la banalité des premières,– servir du café, brandir une masse etc. –, inspirées des tâches basiques confiées aux premiers robots humanoïdes et filmées dans un ralenti à la fois séduisant et inquiétant, confine elle-même à l'absurde, l'origine des secondes puise dans un ensemble de pratiques touchant au fétichisme. Ainsi des bottes de ski et chaussures de montagne à crampons écrasant en gros plan des objets, sous-genre du stomping, fascination très répandue sur internet.

Marionnettes vouées à accomplir mécaniquement des tâches quotidiennes sans autre but apparent que leur réalisation dans l'instant, les compétences supposées de ces hommes au travail et leur fonction dans la société, notamment symbolisées par leurs costumes et uniformes, semblent ainsi avoir perdu tout leur sens, de même que les objets qu'ils activent. La précision du cadrage, le jeu sur les gros plans et les ralentis contribuent à cet effet de déréalisation, de même que la bande son composée par le musicien électronique new-yorkais Sean McBRIDE, qui renforce la tension dramatique véhiculée par les images et leur froideur.