Piero Golia, Christian Jankowski, Gianni Motti
04/06/2004 > 24/07/2004

Vernissage le 04/06/2004, de 19h à 21h

Pour sa première exposition en galerie en France, CHRISTIAN JANKOWSKI présente Talk Athens (2003). Cette nouvelle œuvre vidéo s'inscrit dans une série de travaux où opère une stratégie d'infiltration de l'art contemporain comme sujet de discussion là où il est habituellement absent, notamment à la télévision – mettant ainsi en évidence les problèmes de communication qui en résultent.
CHRISTIAN JANKOWSKI est ici l'invité vedette d'un talk show populaire de la télévision grecque, animé par l'Évelyne THOMAS locale. L'artiste a préalablement fait part de son intention de garder le silence pendant l'émission, et de faire de l'enregistrement de celle-ci une œuvre d'art. Ainsi, le sujet du jour de l'émission est également son objet, c'est-à-dire la performance/vidéo même, agrémenté de considérations plus générales sur l'art contemporain et la communication.
Paradoxalement, l'artiste est muet dans un talk show consacré à son œuvre en train de se faire, qui plus est se déroulant en Grèce, pays du logos, du discours raisonné ; il est également incapable de comprendre les débats, la langue grecque étant impossible à "saisir" pour qui ne la parle pas, et ne s'exprime que par son langage corporel et ses déplacements sur le plateau. Alors que les autres invités spéculent sur sa démarche tandis que lui-même ne saisit pas le sens de leurs spéculations, ressort un sentiment d'incommunicabilité et de tension.
CHRISTIAN JANKOWSKI est né à Göttingen en 1968. Il vit et travaille à New York et Berlin.

Après avoir déplacé l'entière façade d'une maison d'Amsterdam aux murs de la galerie pour sa première exposition à Cosmic l'année dernière, PIERO GOLIA revient pour continuer sa formulation très personnelle des règles de l'art et du processus créatif. Ainsi, un lustre colossal et précieux, parfaitement dans le ton d'un hôtel particulier du XVIIème siècle, semble s'être décroché et avoir atterri sur un cube blanc – entre sculpture par inadvertance et démonstration de l'artiste de sa capacité à transformer un simple "accident" de lustre en œuvre d'art (Untitled, 2004).
Installé désormais à Los Angeles, PIERO GOLIA adresse deux clins d'œil au mode de vie américain, du culte de l'automobile au culte du succès. Pour le premier, il vole aux riches un symbole de leur richesse – des étoiles de Mercedes-Benz – qu'il transforme en trophée qui finira comme œuvre d'art dans le salon des riches (Untitled, 2004). Quant au second, sigle géant comme ceux nécessaires aux commerçants pour être repérés dans une ville où les autoroutes ont remplacé les rues, il est composé de cinq lettres brillantes, chacune de la taille de l'artiste et tournant sur elle-même. Attirant l'attention comme c'est sa fonction, il ne délivre toutefois pas vraiment le message attendu : les lettres composent en effet le mot "LOSER" – "perdant" (LOSER, 2003). PIERO GOLIA renoncerait-il par là à sa quête de célébrité – ou n'est-ce pas plutôt pour mieux l'affirmer ?
PIERO GOLIA est né à Naples en 1974. Il vit et travaille à Los Angeles.

GIANNI MOTTI travaille par allers-retours entre l'art et le réel, tantôt infiltrant le réel, tantôt se l'appropriant comme œuvre d'art. Ainsi, Shock and Awe (2003) est l'enregistrement d'un étonnant "hors antenne" – un de ces instants où le sujet filmé n'est pas censé passer à l'antenne et ignore qu'il y passe bel et bien – sur lequel GIANNI MOTTI est tombé par hasard au milieu de la nuit. En mars 2003, alors que l'opération américaine en Irak "Shock and Awe" ("Choc et Effroi") vient de débuter, George W. BUSH s'apprête à annoncer en direct depuis la Maison Blanche et sur les chaînes de télévision du monde entier le début des hostilités. Une chaîne européenne d'information en continu laisse échapper les quatre minutes précédant son intervention. Le président des États-Unis y apparaît face caméra en train de se faire coiffer et préparer, s'entraînant à prendre une mine de circonstance puis plaisantant et grimaçant à l'adresse de personnes hors champ. La légèreté de son attitude contraste avec la gravité du moment et de l'annonce qu'il est sur le point de faire ; l'œil de la caméra devient le témoin objectif et direct de la réalité.
Police (2004) est la capture vidéo d'un concert donné à la gare de Genève par un groupe formé de policiers, dans le cadre d'une campagne de séduction du public et à l'endroit même où habituellement la police chasse les "mendiants musiciens". Leur interprétation convaincue de standards de la musique populaire – un titre différent sera diffusé chaque jour de l'exposition – détonne avec le port de l'uniforme.
GIANNI MOTTI est né en Italie en 1958. Il vit et travaille à Genève. Son exposition à Cosmic Galerie poursuit une collaboration avec Claudia CARGNEL entamée depuis 10 ans.