Killed in Action (Case Study Houses)

Oeuvres présentées

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #12, Whitney R. SMITH)
Killed in Action (CSH #13, Alpha, Richard NEUTRA)
Killed in Action (CSH #19, Don KNORR)
Killed in Action (CSH #21, Richard NEUTRA)
Killed in Action (CSH #24, Archibald QUINCY JONES and Frederick E. EMMONS)
Killed in Action (CSH #26, KILLINGSWORTH, BRADY, SMITH & Associates)
Killed in Action (CSH #27, CAMPBELL and WONG)
Killed in Action (CSH #4, Greenbelt House, Ralph RAPSON)
Killed in Action (CSH #5, Whitney R. SMITH)
Killed in Action (CSH #6, Omega, Richard NEUTRA)

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #12, Whitney R. SMITH)
2009
acier, fer à béton, téflon, ciment
150 x 107 centimètres
pièce unique

Le projet n°12 (1946) mêlait toit terrasse, structure en béton et bardage en bois. Wilfrid ALMENDRA fusionne les trois éléments dans une sculpture en béton coffré, où se lisent les veines du bois de coffrage, complétée par un escalier monumental en arcs de cercle concentriques en téflon. Les fers à béton proéminents rappellent à la fois ceux qui réapparaissent sous le béton qui s'érode et les maisons commencées sans permis et jamais terminées – squelettes de béton aux fers dressés et silhouettes familières dans les pays du Sud de l'Europe.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #13, Alpha, Richard NEUTRA)
2009
crépit, pierre de Bavière, bois, silicone, lasure
115 x 152 centimètres
pièce unique

Le projet CSH n°13, ou maison "Alpha" (1946), devait être voisin de la CSH n°6, ou "Omega" (cf. infra), et s'harmoniser avec elle. Il consistait en une élégante demeure bardée de bois, remarquable notamment par son imposante cheminée intérieure / extérieure et sa grande terrasse traversante. Wilfrid ALMENDRA reprend ces éléments, mais imagine le devenir de la maison, largement recouverte d'un gros crépi caractéristique d'une certaine esthétique pavillonnaire et empreint de références autobiographiques pour l'artiste lui-même.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #19, Don KNORR)
2009
béton désactivé, placoplâtre, acier, béton, gel-coat
108 x 102.5 centimètres
pièce unique

Le projet CSH n°19 (1957) est « issu de l'idée d'un environnement contrôlé qui contrasterait avec la nature alentour ; (...) ici, l'environnement façonné par la main de l'homme sera défini par une plate-forme juchée à plus de 15 cm au-dessus du sol » ("Arts and Architecture"). Le projet se souciait moins de fonctionnalité que de partis pris formels aussi bien pour l'intérieur que pour l'aménagement de l'environnement. Sur la dalle sont en effet implantés, telles des sculptures sur leur socle, des volumes aux formes géométriques : une maison selon un plan en H et un garage, tous deux à toit plat, ainsi qu'une piscine implantée à part – les années 1950 marquant le début de la prolifération des "carrés bleus", appelés à devenir un élément constitutif de l'idéal pavillonnaire. Wilfrid ALMENDRA reproduit une plate-forme de la hauteur prévue originellement, qui, ainsi disproportionnée, évoque l'urbanisme sur dalle qui s'est développée à partir des années 1960. Elle est plaquée de carrés de béton désactivé, matériau utilisé à la fois sur les dalles des habitats collectifs et sur les terrasses des maisons individuelles, et dont la durabilité contraste avec la fragilité du placoplâtre qui constitue la maison et le garage – qui provient, lui, du chantier de restauration d'un château du XVème siècle. Sur cet ensemble sculptural se détache la tâche bleue très graphique de la piscine.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #21, Richard NEUTRA)
2009
tôle noire, grillage, acier, peinture
124 x 1072 centimètres
pièce unique

Le projet n°21 (1947) porte le même numéro qu'une maison de Pierre KOENIG qui, elle, a été construite ; celui de Richard NEUTRA, très rarement listé parmi les autres, est le moins documenté et le plus mystérieux, évoqué seulement dans un court texte de l'architecte. Wilfrid ALMENDRA le considère à la fois comme le début et la fin du projet, à la fois terrain à bâtir et tabula rasa ; en l'occurrence, une plaque d'acier noire – obtenue via un procédé industriel de bain d'huile – à la forte charge esthétique, en partie clos par un grillage emprunté à la SNCF. Ce grillage clôturait une voie de chemin de fer maintenant désaffectée, d'où partaient les tôles d'acier fabriquées dans l'usine où l'artiste a trouvé celle de la pièce, bouclant ainsi la boucle.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #24, Archibald QUINCY JONES and Frederick E. EMMONS)
2009
carrelage, acier, verre armé, caoutchouc
142 x 73.5 centimètres
pièce unique

Le projet n°24 (1961) relevait d'une approche profondément novatrice, aussi bien en termes d'urbanisme de lotissement que de maison individuelle. Prévu pour 260 unités, le plan d'urbanisme prévoyait des espaces verts communs et un centre de loisirs dont les surfaces étaient prélevées sur les terrains de chacun. Pour réduire les nuisances sonore et la vue des maisons adjacentes ainsi toutes proches, les constructions devaient être en partie enterrées, ne ménageant ainsi aucune vue directe. Construite dans une déclivité du terrain, chaque maison était surmontée d'un monumental toit plat à structure métallique, en parti ajouré et incluant un système de climatisation. Wilfrid ALMENDRA, à qui la radicalité de ce principe constructif rappelle celle de l'habitat social, imagine un socle de carrelage industriel, comme celui souvent utilisé pour plaquer la façade d'immeubles où le souci de durabilité prime sur les considérations esthétiques. Se détache de ce socle un toit d'acier et de verre armé, totem zébré de belles coulures de rouille. La ruine du métal contraste avec la dureté du carrelage qui, malgré son aspect plus fragile, se révèle plus résistant au passage du temps.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #26, KILLINGSWORTH, BRADY, SMITH & Associates)
2009
asphalte, acier, linoleum
91 x 130 centimètres
pièce unique

Le projet n°26 (1962) était celui d'une structure épurée poteaux / toit, posée, telle que représentée dans une maquette de l'époque, au bord d'une impressionnante falaise noire. Wilfrid ALMENDRA a découpé au lapidaire thermique un imposant morceau d'asphalte sur une route, qui, retourné, devient le sol lunaire sur lequel se pose, via de fines colonnes, une épaisse tôle d'acier coupée au laser – en somme, l'assemblage de deux coupes radicales, l'une "crafty", l'autre industrielle.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #27, CAMPBELL and WONG)
2009
bois, ciment, caoutchouc, acier
100 x 104.9 centimètres
pièce unique

Le projet n°27 (1963) est le seul à avoir été imaginé sur la côte Est des États-Unis, et aurait été le premier à déserter la ville et ses faubourgs pour la campagne et un environnement boisé, au bord d'un étang – préfigurant aisni le mitage à venir des zones rurales. Prototype pour une production en série de maisons en béton préfabriqué, le projet se composait de cinq blocs correspondant chacun à une fonction, regroupés sur une plate-forme sur pilotis ; surmontés de toits pyramidaux, les modules étaient reliés par des passages couverts à toit plat. Wilfrid ALMENDRA effectue ici un travail de composition, où l'origine de chaque matériau a son sens : la porte en châtaignier de sa propre maison de famille au Portugal, vieille de plus de 150 ans, devient la plate-forme ; les coiffes pyramidales de poteaux de clôture en béton prélevées dans une maison d'un lotissement ouvrier – et remplacés sur place par les mêmes en céramique –, les toits des cinq blocs ; une bande de caoutchouc découpée dans un tapis roulant d'une usine Michelin, les couloirs de liaison entre les modules. L'artiste évoque ainsi dans un même élan son histoire familiale, la mémoire ouvrière et celle des quartiers pavillonnaires nés du capitalisme familial et paternaliste.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #4, Greenbelt House, Ralph RAPSON)
2009
plâtre, grillage, ardoise, zinc
148 x 172 centimètres
pièce unique

Toutes les esquisses du projet n°4, ou "Greenbelt House" (1945), mettaient en scène une famille modèle, dont le père rejoignait son domicile à bord de son hélicoptère personnel, véhicule individuel dans une vision naïvement optimiste du futur. Wilfrid ALMENDRA fusionne le motif des pales d'hélicoptère avec les trois pavillons qui constituaient la maison. Alors que le plâtre de ceux-ci se délite, le métal des pales apparaît comme le seul élément pérenne de l'ensemble.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #5, Whitney R. SMITH)
2009
lambris, acier, béton, amiante inerte, lasure, céramique
138 x 128 centimètres
pièce unique

Le projet CSH n°5 (1945) développait le principe d'une maison ouverte, abolissant la limite entre intérieur et extérieur, avec quatre pavillons très largement vitrés. Prenant actant du caractère utopique de ce principe, qui en zone pavillonnaire finit immanquablement en haie de thuyas, Wilfrid ALMENDRA pose, sous la forme d'une barrière de béton érodée, la frontière entre l'intérieur et l'extérieur. Quant aux pavillons, ils deviennent des casiers en frisette vernie, matériau typique d'une approche "Do It Yourself" de la décoration d'intérieur des années 1970-80. En transformant ainsi l'architecture en étagère, ce que vient encore souligner un vase contemporain des grandes heures de la frisette, l'artiste rappelle ainsi le fait que le mobilier faisait souvent partie des programmes "totaux" des Case Study Houses.

Wilfrid Almendra

Killed in Action (CSH #6, Omega, Richard NEUTRA)
2009
tôle galvanisée, plastique, bois, aluminium, mousse expansée
130 x 210 centimètres
pièce unique

Conçu pour voisiner harmonieusement avec la CSH n°13, ou "Alpha", le projet n°6, ou maison "Omega" (1945), arborait un toit en tôle industrielle, présentant un profil typique de son architecte Richard NEUTRA par sa faible pente et ses larges débordements ; le faible coût et l'efficacité de ce matériau industriel correspondait au budget limité des commanditaires. Recouvert de gravier blanc réflechissant la lumière et retardant la pénétration de la chaleur, il assurait une bonne isolation à l'ensemble. Enfin, le plan cruciforme permettait l'adjonction de quatre cours, chacune avec une fonction spécifique. Wilfrid ALMENDRA reprend le principe de ce toit en tôle, en imaginant les modifications, ajouts ou percements, qu'il aurait pu subir, et évoque les quatre cours à travers un dallage géométrique de quatre plaques d'acier poli, qui rappellent à la fois les concepts de Carl ANDRÉ et les formes de Franck STELLA.